Est-ce une pizza ancienne ? Voici ce que les gens mangeaient réellement à Pompéi

Lorsque les archéologues de Pompéi ont découvert en juin une fresque vieille de près de 2 000 ans représentant ce que l'on appelle une « proto-pizza », les gens ont failli perdre la tête. Même si le morceau de pain plat pouvait contenir de la viande, des légumes ou des fruits, il lui manquait l'élément déterminant d'une pizza : les tomates.

Ce fruit savoureux ne parviendra pas en Europe avant le 16ème siècle, longtemps après l'éruption du Vésuve et la décimation des anciennes villes romaines de Pompéi et d'Herculanum en 79 après JC. La pizza telle que nous la connaissons ne sera inventée à Naples qu'au 18ème siècle. .

Alors que les habitants de Pompéi ne mangeaient pas de pizza, les archéologues et les historiens ont reconstitué une grande partie de ce qu'ils mangeaient, notamment des condiments riches en umami, des loirs farcis et un des premiers ancêtres des lasagnes.

Ces découvertes font partie de ce qui fait de Pompéi un site archéologique si unique et si important. Bien que l'on estime que l'éruption du Vésuve a été 100 000 fois plus puissante que les bombes atomiques larguées sur le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale, la ville n'a pas été brûlée par la lave ni détruite. Au lieu de cela, un nuage géant de gaz brûlant et de cendres l'a enveloppé presque immédiatement, carbonisant et préservant une grande partie de la matière organique, y compris la nourriture, selon Alessando Russo, archéologue au parc archéologique de Pompéi.

(Ces découvertes offrent de nouveaux indices sur la destruction de Pompéi.)

Les habitants de la ville n’ont pas non plus eu le temps d’évacuer et sont morts subitement – ​​en moins de 15 minutes, selon une étude. Les expressions faciales sont même visibles sur certains des corps mis au jour. Mais leur mort subite a permis aux archéologues d’en apprendre davantage sur leurs tâches quotidiennes, comme cuisiner et manger. En 1930, par exemple, une miche de pain parfaitement conservée, indentée avec un roseau ou une ficelle pour se briser plus facilement, a été trouvée dans un four à Herculanum.

"Pour ces raisons, Pompéi est une licorne dans le monde de l'archéologie", explique Russo.

L'un des aliments les plus populaires de Pompéi était l'un des premiers ancêtres d'un autre aliment bien-aimé : l'umami. Le mot japonais, faisant référence au cinquième goût riche et savoureux, se manifeste dans une sauce ou un condiment à base de poisson appelé garum à Pompéi.

C'est salé et un peu épicé, et les Pompéiens, riches et pauvres, en mettent sur tout, comme le « ketchup ancien », comme le dit l'archéobotaniste Chiara Comegna. Elle travaille pour Ales, une entreprise du ministère italien de la Culture dédiée à la conversation sur le patrimoine culturel du pays.

En termes de saveur, cependant, le garum est similaire à la sauce de poisson thaïlandaise ou vietnamienne, selon le Pompeii Food and Drink Project, une coalition d'historiens, d'archéologues, d'ingénieurs et de bénévoles qui ont contribué à découvrir et à étudier la nourriture de la ville de 2001 à 2019. .

« Imaginez si votre alimentation, surtout si vous êtes une personne pauvre, se résume à du gruau tous les jours. Que ferez-vous pour pimenter ce repas et améliorer le contenu nutritionnel ? » » déclare Benedict Lowe, professeur d'histoire à l'Université de North Alabama, qui a participé au projet de restauration et de boissons de Pompéi. « Vous ajoutez du garum. C'est épicé, c'est piquant. Mais c'est riche en protéines.

(Recréation du pain vieux de 2 000 ans trouvé à Pompéi.)

Le garum produit à Pompéi se distinguait par sa qualité. Pour le préparer, les gens faisaient fermenter du poisson – souvent du boop boop, une espèce de daurade également connue sous le nom de bogue – dans du sel et parfois d'autres épices pendant trois mois. Au fur et à mesure que la chair se décompose, les os coulent, laissant un liquide, le garum, sur le dessus.

«Lorsque [les cuves de garum] ont été creusées, on pouvait encore sentir l'arôme», explique Lowe, qui a analysé la composition chimique de la sauce avec un collègue en 2009 et a découvert sa similitude avec l'umami. « J’en ai un échantillon…. Et chaque fois que je l’ouvre, ça empeste la pièce tellement l’arôme âcre de cet anchois salé est horrible.

Des preuves carbonisées de ce que mangeaient les Pompéiens ont été découvertes, mais des recettes, écrites sur papyrus et traduites par des moines au Moyen Âge, offrent également des indices, selon Comegna. Une recette détaillait ce que Comegna appelait un « ancêtre des lasagnes ».